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J'ai l'impression d'oublier de vivre ma vie. Et en même temps de profiter de chaque moment. Je me sens vide et bien à la fois. Ca dépend non des jours, mais des heures, des moments. Aller en cours ne me motive pas, plus, donc je vis dans le futur, en me disant, plus que trois jours avant vendredi. Demain va être la journée la plus chiante. Ne pas avoir cours de 11h à 13h, c'est vraiment la plaie. Je n'ai pas le temps de rentrer chez moi, pas le temps pour un ciné, personne à voir à ce moment là. Et comme je n'ai pas encore vraiment de travail à faire, ou alors je sais pas bien quoi, comme je ne vais qu'à la moitié des cours où il y a des dossiers à faire, je n'ai qu'à me faire chier pendant deux heures. A la limite je pourrais aller sur internet comme aujourd'hui, à la BU, et répondre à des sondages rémunérés mais seulement si on fait partie de la catégorie visée.
En tout cas j'étais contente de voir Marie. On y arrive jamais sinon, alors qu'on est dans la même fac. Et là tous les mardi, ça sera Marie et Laurent, au déjeuner. Trop chouette.
Sinon je crois que la grisaille de mes journées est aidée par la clope. Parce que justement elle agit comme tue ennui, donc j'en ai besoin tout le temps. J'ai doublé ma consommation depuis quelques temps. Ca fait peut-être toujours pas beaucoup, mais ça coûte cher, et puis ça m'énerve de toujours envisager un moment plaisant en m'imaginant clope au bec. Je ne sais plus où j'avais lu ça, et en fait c'est vrai : la clope tue la beauté de l'instant. On n'imagine plus de bière sans clope, de ballades à la campagne sans clope, de plage sans clope, rien que se promener dans la rue ou discuter dehors avec des gens, ça ne peut plus se faire sans clope. Comme pour faire carapace avec le monde réel. La cigarette comme arme fantasmée invincible. Et pourtant elle tue les sensations. Je ne sais plus profiter de l'instant pour l'instant, sentir les odeurs du monde, ouvrir mes sens à tout et n'importe quoi, je ne sais plus être présente en fait, entièrement, parce que la clope me permet de prendre ce recul, de contaminer mon atmosphère, et m'empêche de jouir pleinement de ce que j'aime. C'est l'illusion que la jouissance va être plus forte encore si on ajoute une clope au bonheur déjà présent, et en fait ça tue ce bonheur, parce que la clope devient indispensable et finit par étouffer l'instant.
Bref. J'ai fumé ma dernière clope à 16h tout à l'heure. Je savais que j'aurais pas l'occasion d'en racheter pour la soirée, et je me suis contrainte à ne pas chercher un tabac comme une folle. J'ai eu du mal à survivre à l'odeur de tabac super forte à l'arrêt de bus. Comme si les fumeurs faisaient exprès de tout m'envoyer dans la gueule. Mais j'ai résisté. Le plus perturbant ça a été quand je me dirigeais vers la gare en calculant, comme d'hab, quel train je réussirai à avoir en fumant d'abord sur les quais. Et la perspective de ne pas avoir cette clope avant le train m'a totalement démotivée, limite j'aurais pu m'asseoir au milieu du trottoir et attendre. C'est dingue comme, on peut le dire, on ne vit que pour ça dans les périodes creuses de la vie.
DONC. Je vais arrêter de partir en live. Je n'arrête pas de fumer, mais je restreins largement. Je ne veux fumer que lorsque c'est un vrai plaisir, autour d'une bière, allongée dans l'herbe au soleil, etc, mais pas à chaque fois. Et perdre un peu de cette dépendance malsaine. Qui n'est pas la dépendance classique du fumeur en manque au réveil, par exemple. Moi le matin j'y pense même pas. Non, c'est juste un automatisme de merde. Et j'aime pas les actes non réfléchis. En fait pour être plus précise et moins radicale, je m'engage à ne fumer que des clopes réfléchies.
(Et putain ça fait peur d'écrire ça si sollennellement, quelque chose de si arrêté, moi qui préfère l'entre deux, l'indécision, la liberté de se déséquilibrer, enfin de revenir sur sa parole, quoi.)