Get what you deserve

Quand j'y repense, je me dis que ça peut être beau de se marier, pour être une seule journée magnifique, pour faire une superbe fête, pour réunir des gens qui regrettent de ne plus jamais se voir.
J'ai eu des frissons quand ma cousine est entrée dans l'église aux bras de son père. Elle avait un sourire tellement serein, elle savait qu'elle était magnifique, et elle n'avait pas peur, pas du tout. J'aurais tremblé de trouille à sa place. Je n'ai pas réalisé un seul instant, dans tout ce week-end, qu'elle était réellement mariée. Quand je pense qu'elle aura bientôt des enfants. Et quelque part je me dis que c'est une étape amusante, le mariage, que ça rythme un peu la vie. Que passer à côté pour des questions de "non-principes", c'est un peu se priver de quelque chose qu'on pourrait voir comme seulement beau et drôle dans une vie unique.
Mais en même temps, m'imaginer me marier me donne la nausée, tellement c'est un engagement fort, sans possible retour en arrière. Alors je me contenterai de contempler ça de loin. Et de briser un peu mon dégoût pour cette célébration "conventionnelle".

Ca a été un week-end tellement exceptionnel... de ceux qui provoquent une rupture dans le quotidien. Samedi soir je suis allée sur la piste danser naturellement, je n'étais plus raide comme avant en dansant le rock avec mon frère, non, j'étais tout à fait à l'aise. Et je me dis que j'ai réellement gagné en confiance en moi, ces derniers temps, que finalement le passé proche n'était pas vain. Après nous avons retrouvé un ami de mon cousin, que nous n'avions pas vu depuis trois ans. On avait joué à "Je n'ai jamais..." ce soir là, et c'était le plus exceptionnel de tous les temps. Mon premier aussi. On allait de révélations en révélations, ponctuées par des shots de vodka, et ça a fini la tête dans la cuvette. Par nostalgie, on y a rejoué tous les trois samedi soir, mon frère, E. et moi. On s'est sentis obligés d'aller dans le trash pour trouver quelque chose à ajouter à celui d'y a trois ans. C'était tellement drôle. J'avais oublié son rire communicatif. Mon frère a fini par se le faire, alors que ça avait failli être mon cas la première fois qu'on l'avait rencontré.
Drôle de soirée. Pendant ce temps on discutait éclairés par des bougies dans le grenier d'un pavillon. Je me suis moquée de ceux qui parlaient politique à quatre heures du matin, et un quart d'heure plus tard je débattais féminisme et psychanalyse avec un autre ami d'un autre cousin rencontré lui aussi quelques années plus tôt en Bretagne. Soirée retrouvailles inattendues, finalement. A sept heures nous n'étions plus que trois dans ce pavillon, sans compter l'homme endormi en tailleur depuis des heures, qui faisait maintenant complètement partie du paysage. Il y avait mes faux cousins et moi. Faux cousins car cousins de cousins, mais réellement considérés comme cousins, de part et d'autre. Ce sont des liens bretons. Plus que de l'amitié, un attachement familial qui fait qu'on s'entendra toujours, qu'on se voit une fois par mois ou tous les deux ans. Ils ne manquent pas plus que ça mais on est toujours ravis de se voir.
Réveillée à 11h30, je me retrouve un peu seule dans le grenier, et je découvre grâce à la lumière du jour que c'était plus glauque que n'importe quel squat. Mais j'ai aimé le lieu. J'ai eu l'impression d'avoir passé une soirée et une nuit plus décalée que n'importe qui.

Et puis après avoir passé la journée d'hier à somnoler, retour à la réalité. Pas de nouvelles du propriétaire, et toujours ce sentiment de n'être nulle part. Tellement de choses à faire, mais impossible sans adresse. J'aurais envie de baisser les bras, mais je n'peux pas, je n'arrive plus à vivre chez moi, je ne supporte plus cette promiscuité familiale, ces habitudes qui m'irritent plus qu'autre chose.

J'ai envie de vivre quelque chose de neuf.