Contre-coup
C'était merveilleux, la Bretagne.
Toute la famille unie dans les larmes, mais dans les rires, aussi. On a passé trois jours à vingt, sans jamais se quitter plus d'une heure ou deux.
Ca rapproche, tout ça, ça rapproche. Et même si Mamine regrette que cela se fasse sans Tad, il serait content. Oui. Et elle avait bien besoin de ça, qu'on lui change les idées, qu'on l'aide à ne pas penser.
C'est dingue de voir son côté aimant. On les voyait s'engueuler à tout bout de champ, soupirer et ne pas se supporter, mais maintenant on sait combien elle l'aimait, combien elle l'aime.
Il y avait tellement de gens auxquels on ne s'attendait pas, aux célébrations. Et puis on s'est retrouvés tous les quatre dans les bras les uns des autres, nous qui osons à peine nous faire la bise, même si nous sommes frères et soeurs. Benji a pleuré, il a réalisé en voyant le cercueil, et ça fendait le coeur. On a lu sans faillir des intentions de prière dont on n'a même pas compris les mots.
Et puis ce poème que P. a lu à deux reprises, les lèvres tremblotantes, ce poème qui correspond si bien, qui est si beau.
C'est dur, de revenir. J'ai pleuré dans la voiture, je me suis endormie, et j'ai pleuré encore. Cette fois c'était la fin. Toutes ces cérémonies, toutes ces retrouvailles familiales faisaient partie du cheminement vers l'acceptation, et le retour en solitaire voulait tout dire. Cette fois, je sais qu'il est mort, bel et bien mort. C'est pour ça que j'ai pleuré.
Il faut que les choses retournent à la normale, mais je vois encore mal comment. Même si j'ai cinq trucs énormes à rendre dans le courant de la semaine, je suis encore dépassée par les évènements, je ne sais pas comment me sortir la tête hors de l'eau.
Je n'ai qu'une envie, c'est de courir rassembler tout le monde, oncles et tantes, cousins, grand-mère et parents, et qu'on boive de nouveau, qu'on joue aux cartes et qu'on rit, pour nous occuper.