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Mardi 03 Février 2009
Il y a quelque chose de pourri...
J'ai l'impression que ma vie m'échappe un peu. I'm lost (in the supermarket).
Je remets tout en question juste parce que je ne sais pas où aller. Tout se précipite et je ne sais pas ce que je ferai dans six mois. J'ai un peu peur je crois.
Je me sens apathique, je n'ai vraiment envie de rien. J'aime dormir, voilà ma révélation. Mais je prends ça plus comme une tragédie qu'autre chose. Si j'aimais aussi aller au cinéma trois fois par semaine, sortir et y prendre un plaisir fou, dormir serait juste quelque chose de merveilleux en plus. Mais là c'est comme s'il n'y avait que ma couette pour m'appeler tout le temps.
On a revu G. hier soir, et je n'avais même pas peur. J'évitais son regard au début parce que j'étais un peu gênée, mais aucun stress, aucune exaltation à l'idée de revoir quelqu'un qui nous avait quittés neuf ans plus tôt. C'est la preuve ultime que je ne ressens plus à fond. Ca m'énervait, avant, de toujours angoisser pour un rien, pour une rencontre, de faire des montagnes de tout. Mais finalement je n'aurais jamais du vouloir être plus détachée, plus détendue. J'ai besoin de ressentir et ce n'est plus vraiment le cas.
Je ne sais pas quoi faire pour ça. Je commence à croire qu'il faudrait que j'en parle à quelqu'un. Mais je n'ai pas d'argent. Alors je me dis qu'il faut que je m'habitue à ça, à devenir quelqu'un de fade concentré sur le quotidien, moi aussi. Après tout beaucoup de gens y arrivent très bien. Mais je m'en veux de baisser les bras comme ça. J'ai tellement peur de la mort que je devrais tout faire pour vivre pleinement. Mais au lieu de ça je suis comme paralysée. Apathique. Je refoule tout. Et de temps en temps mes nerfs se rebellent, poussent leur gueulante, comme ce soir. Dans la douche j'ai essayé de pleurer, mais j'avais beau avoir le visage contracté, ça ne sortait pas vraiment. Ca bloquait et ça me faisait encore plus peur. Je ne savais même pas pourquoi je pleurais mais mon corps tremblait et il avait besoin de ça.
J'aimerais savoir m'écouter de nouveau. Je ne déduis plus rien de bien intelligent de ce que je vis. L'auto-analyse marchait à merveille, avant. Maintenant je pars dans des directions peu abouties, et mes raisonnements ne mènent plus à rien. Je n'arrive plus à mettre de mots sur mes réactions physiologiques, alors elles ne partent pas.
Je devrais m'isoler comme une ermite et n'avoir l'occasion que de penser, penser à moi, penser sur moi, me retrouver seule et être bien obligée de trouver des réponses. Mais peut-être que je n'ai pas besoin d'une isolation réelle, d'aller dans le désert ou quelque chose comme ça. Peut-être que je pourrais prendre du temps pour m'écouter. Si je trouvais comment faire. J'ai tout oublié de ce qui me faisais, moi. De ce que j'aimais en moi, et haïssait à la fois. J'aimais ces deux extrêmes s'entrechoquant, j'aimais mon extrême sensibilité qui permettait à tout d'être intense. Je ne comprends pas comment j'ai perdu ça. Non je ne comprends pas, ni comment, ni quand c'est arrivé.
C'est affligeant, avant j'écris quand j'étais perdue, les réponses venaient toutes seules au fil des mots, entre deux crises de larmes, mais maintenant je n'arrive même plus à faire ces enchaînements naturels. Je n'aimais qu'écrire, avant. Maintenant je ne suis plus bonne à rien.
Ecrit par Lissadell, à 00:57 dans la rubrique "I'm lost in the supermarket".
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