Que la journée a été longue. Comme elle a annoncé les autres.A me traîner dans les rues, le regard vague, j'attire des regards intrigués. Dans le train, une bouffée de larmes est sortie sans crier garde, mais j'ai gardé le défi dans mes yeux, quand j'ai croisé ceux d'une vieille femme. Ca voulait dire, je ne veux pas de ton inquiétude, de ta pitié. Je ne veux pas partager ça parce que je ne peux pas. Je n'aime pas les mots de compassion, ceux qui se veulent de réconfort, mais qui sont lourds, creux. J'aime les souvenirs, les expériences partagées, l'écoute sans chercher à répondre. Je voudrais le minimum, les gens se croient toujours obligés de trop donner quand il s'agit de mort.
Par contre, j'ai réussi à faire un partiel correct ce matin. Mais n'ai pas pu bosser de l'aprèm, et j'ai lu mon "thriller psychologique" au code. J'ai passé une heure dans le train au lieu d'une demi-heure, puis les enfants m'ont un peu redonné le sourire. Je viens de réaliser que je n'avais pas rangé la salle de bain avant de partir. Je crois que j'ai été dans les vapes toute la journée, sans toujours me rendre compte que mon comportement n'était pas habituel. J'ai oublié de demander à mon père de l'accompagner à l'hôpital demain. Je l'appelerai.
Je n'aurai jamais mon code. Pas dans 15 jours, en tout cas, et cette évidence me fait chier. Je n'aurai jamais le temps de faire tous ces dossiers, non plus. Ni le temps, ni la force d'entreprendre. Je suis vidée. J'ai passé la journée à vouloir dormir, à être molle. L'inertie, en attendant. Mais quoi ? Il faudrait prendre les choses en main, seulement je ne sais pas ce que ça veut dire, dans ce contexte. Je crois que je dois aller voir Tad, et ensuite, seulement, je pourrai voir de quoi je me sens capable. Ca urge.
Oh et puis, il n'y a plus de place pour Patti Smith, et ça me plombe un peu le moral, ça aussi. Ca aurait été une jolie réjouissance pour me changer les idées.